La DGS appelle à la vigilance sur la recrudescence de rougeole
La Direction Générale de la santé (DGS) appelle à la vigilance renforcée de l’ensemble des professionnels de santé et de la petite enfance concernant la détection précoce de la rougeole et la mise en œuvre des mesures de prévention appropriées en raison d’une augmentation récente du nombre de cas en France, sur le continent européen et dans le monde depuis 2023.
La situation épidémiologique observée notamment depuis le début de l’année, fait craindre, au vu de la forte contagiosité de la maladie, une diffusion plus large sur le territoire national au cours des semaines à venir. Une couverture vaccinale élevée de la population de tout âge y compris des professionnels de santé ou ceux exerçant au contact d’enfants est indispensable pour limiter la circulation virale et protéger les plus fragiles.
A. Détection précoce des cas, confirmation et diagnostic
- Le diagnostic clinique de la rougeole doit être évoqué devant tout patient, quel que soit son statut vaccinal, en présence d’une fièvre ≥ 38,5°C associée à une éruption maculo-papuleuse et au moins un des signes suivants : conjonctivite, rhinite, toux, signe de Köplik. Les patients sont contagieux 5 jours avant l’apparition de l’éruption et jusqu’à 5 jours après l’apparition de l’éruption ;
- Une confirmation biologique est indispensable préférentiellement par prélèvement oropharyngé et amplification génique par RT-PCR. L’ARN viral étant détectable de quelques jours avant le début de l’éruption jusqu’à environ 10 jours après. La recherche d’IgM, salivaire (Kit Oracol©) ou sérique, est également possible et ne doit être réalisée qu’à partir du 3ème jour après le début de l’éruption (cf. annexe, figure 2).
B. Signalement précoce
Tout cas cliniquement évocateur (y compris avant les résultats biologiques) doit faire l’objet d’un signalement sans délai au point focal régional de l’agence régionale de santé (ARS) par tout moyen approprié (téléphone, mail) ET obligatoirement de l’envoi de la fiche déclaration obligatoire même si tous les items n’ont pu être renseignés, ils pourront être complétés par la suite.
C. Mesures de contrôle et de gestion autour d’un cas suspect ou confirmé
- Isoler les patients suspects en salle d’attente dans un cabinet médical : mise à l’écart des autres patients, limitation de leurs déplacements au strict nécessaire, leur faire porter un masque chirurgical si possible et demander aux personnes contacts d’utiliser dans la mesure du possible un masque FFP2 et de procéder à une hygiène des mains régulière. De plus, il est nécessaire d’accélérer la prise en charge des patients suspects afin d’éviter les contacts avec d’autres malades en salle d’attente dans un établissement de santé et de ne pas utiliser les locaux où a séjourné les patients tant qu’une aération efficace n’a pas pu être assurée (persistance du virus jusqu’à 2h dans l’air et/ou sur les surfaces) ;
- Recommander des mesures d’éviction pendant toute la période de contagiosité du cas, à savoir dès les premiers symptômes (phase prodromique avant l’éruption) jusqu’à 5 jours après le début de l’éruption ;
- Identifier les personnes à risque de forme grave (nourrissons de moins de 12 mois, personnes immunodéprimées, femmes enceintes) parmi les contacts d’un cas afin de leur proposer une prophylaxie post-exposition :
- Soit par une vaccination (une dose du vaccin trivalent ROR à réaliser dans les 72h chez les nourrissons de 6 à 11 mois révolus (en respectant les contre-indications habituelles)
- Soit par une prise en charge hospitalière pour l’administration d’immunoglobulines polyvalentes dans les 6 jours suivant le contage (date de premier contact avec un cas confirmé de rougeole) pour les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, les nourrissons de moins de 6 mois nés de mère non-immunisée et les nourrissons de 6 à 11 mois n’ayant pas pu être vaccinés dans les 72h suivant le contage quel que soit le statut vaccinal de la mère ou ses antécédents de rougeole.
- Vérifier le statut vaccinal et compléter la vaccination de toutes les personnes en contact avec un cas, nées à partir de 1980, en vous assurant que chaque personne a bien reçu deux doses de vaccin contre la rougeole avec un délai minimum d’un mois entre les deux doses ou trois doses pour les personnes ayant débuté leur vaccination avant l’âge de 12 mois. Cette vaccination, si elle est réalisée dans les 72 heures qui suivent un contact avec un cas, peut éviter la survenue de la maladie. Elle reste préconisée même si ce délai est dépassé.
D. Mesures de prévention générales, pour les professionnels de santé et pour les voyageurs
- Dans le contexte de recrudescence saisonnière attendue dans les prochains mois, nous vous remercions de bien vouloir procéder en routine, quel que soit le motif de consultation, à la vérification du statut vaccinal contre la rougeole de vos patients et le cas échéant de procéder au rattrapage vaccinal selon les recommandations en vigueur du calendrier des vaccinations (dans le respect des contre-indications habituelles du vaccin trivalent ROR[1]).
- Aussi, nous vous rappelons l’importance et la nécessité que tous les professionnels de santé et les professionnels travaillant au contact des enfants nés après 1980 soient vaccinés avec deux doses de vaccin ROR, comme le reste de la population générale. Les professionnels nés avant 1980, non vaccinés et sans antécédent connu de rougeole, doivent recevoir 1 dose de vaccin.
- Enfin les recommandations aux voyageurs prévoient, dans un contexte de voyage en pays d’endémie ou en phase d’épidémie, l’administration d’une dose de vaccin ROR pour les nourrissons dès l’âge de 6 mois (ces enfants devront par la suite recevoir deux doses de vaccin ROR trivalent selon le calendrier vaccinal ainsi que pour les personnes nées avant 1980 non protégées contre la rougeole (sans antécédent connu de rougeole ou non vaccinées antérieurement).
[1] Allergie aux substances actives, à l’un des autres composants du vaccin, ou aux résidus à l’état de traces ; Maladie ou prise d’un médicament qui affaiblissent le système immunitaire ; grossesse (de plus la grossesse doit être évitée dans le mois suivant la vaccination). Par ailleurs, la vaccination doit être différée en cas de maladie aiguë avec fièvre.
Direction Gérénale de la Santé par MSSanté, 08/03/2025